Revue de presse

Les Tablettes des Chanteroels
Du transversalisme

Du transversalisme

Le Courrier Philologique (Septembre 2002)

Le transversalisme est né vers la fin du 20ème siècle de la volonté commune de chercheurs, d’artistes plasticiens et de philosophes. Les personnes composant l’aréopage, ne se connaissaient ni d’Eve ni d’Adam, mais avaient pris l’habitude amicale de confronter leurs idées et leurs expériences sur un site Internet: Playmutt. Site que l’un d’entre eux avait à l’origine créé pour jouer aux… échecs. C’est donc la curiosité et la créativité nées de la confrontation des points de vus qui ont fini par faire naître ce système d’exploration aussi paradoxal que transversal.

Le site s’est peu à peu agrémenté de publications plus ou moins régulières, de conférences, de rencontres souvent improvisées ; comme celles qui eurent lieu à Santa Barbara en mars 2002, puis à l’ermitage de l’Assekrem, au cœur du Sahara, en mai 2002, et dans le village de Grossland – au nord de Berlin – en juin 2002. Peu à peu et par voie de conséquences, ces rendez-vous ont conforté l’idée de rencontres plus officielles et mieux organisées. De cette façon, les disciplines de chacun purent être mises en balance à l’aune de celles des autres.

Plusieurs axes de recherches et d’analyses se sont alors offerts à la curiosité des initiateurs du mouvement. Dès le début, le principe général fut de remonter à contre-courant le fleuve de la mémoire en tendant des passerelles entre passé et présent, entre art contemporain et littérature moderne, entre littérature moderne et écritures archaïques, entre nord et sud, entre tradition et modernité, entre modernité et contemporanéité, entre stéréotypes de communication et archétypes de langage, entre temps et espace, entre idéogrammes et phonogrammes, etc.

Il se trouve en effet que tout système de signes vocaux ou graphiques, tout contenu de l’expression orale ou écrite appartient au langage. Dans leur forme, les lettres ne dessinent-elles pas le sillon fossilisé des errances sensibles de l’humanité ? Ce dernier ne porte-t-il pas au creux de ses pleins et de ses déliés, une anamnèse plus ancienne encore, à savoir la parole qui l’a précédée ?

À l’identique, la parole ne faisait-elle pas suite aux phonèmes et aux cris ?

Les clivages convenus ne résistant pas à l’aspect ludique des choses, on ne s’étonnera donc pas que la logique compartimentée qui gère d’ordinaire le monde de la science, de l’art et des idées, ait fini par s’effondrer pour ouvrir de nouveaux champs d’investigations.

Précisons encore, pour la bonne compréhension des choses, que les domaines de prédilection de l’aréopage concernaient surtout le langage, l’art, l’archéologie, puis ce que les uns et les autres ont fini par nommer : archéographie.

Comme les vagues de la marée montante, les thèses se suivent, se croisent, se chevauchent et s’annulent. Pourtant, de Socrate à Ferdinand de Saussure en passant par Wittgenstein, inexorablement, la marée monte . Je te salue vieil océan ! (R. Mutt, professeur de Pataphysique à l’université des hautes études de Westmynster)