Revue de presse

Les Tablettes des Chanteroels
Le sentiment culturel d’appartenance

Le sentiment culturel d’appartenance

Lutte et Rature (Août 2003)

De l’écriture cursive sur les tablettes des Chanteroels ? Mis à part les cartouches sur lesquelles apparaissent des graphismes aux linéaments très contemporains (qui d’après certains s’apparenteraient à des tags), le reste des inscriptions couvrant les tablettes ressemble étrangement à ce que l’on pourrait nommer de l’écriture cursive, c’est-à-dire notre écriture au quotidien.

De l’épître de Saint Paul à un manuscrit trouvé dans les sables de Chingetti. Quel est le lien entre l’épître de Saint Paul, écrite au septième siècle par un moine, et un manuscrit laissé par un érudit arabe à son retour de la Mecque à Chinghetti, ville de Mauritanie ensevelie dans les sables du désert ? Si l’on ne connaît ni le latin ni l’arabe, si l’on n’est pas soi-même un exégète des questions religieuses, ce que suggère l’écriture de part sa forme a plus de poids et d’intérêt que le sujet même du manuscrit. D’où vient alors cette empathie ?

Des tags au manuscrit apocryphe. Se pourrait-il également que les similitudes visuelles qui se manifestent lorsque l’on compare l’écriture du Manuscrit apocryphe et certains graphismes sauvages urbains, soient le fruit d’un processus de mise en œuvre relatif à des archétypes propres au genre humain ? Toutes ces questions seront débattues demain aux  » Chanteroels » où aura lieu le septième congrès « tranversaliste ».

Le sentiment culturel d’appartenance. Envisager la possibilité de telles coïncidences impose d’aborder la question en essayant de clarifier ce qui en chacun de nous a construit notre manière de voir, de nous souvenir, et d’intégrer dans notre inconscient une part d’esthétique qui, au fil des siècles, a développé ce que l’on pourrait appeler ici, un sentiment culturel d’appartenance. Il faut comprendre que le regard, à travers l’imprégnation didactique et culturelle qui l’a produit, continue à transcrire à notre insu un système de perception qui n’est plus le même. Nous sommes passés d’un contenu littéraire, à un contenu visuel. Si le phénomène ne nous choque pas, c’est parce que le cerveau rectifie automatiquement ce système de valeurs et de références. Notre manière de réagir répond simplement aux stimuli d’un signal constitutif d’archétypes universels, autrement dit, il fait écho à des mécanismes de mémoire enfouis en chacun de nous. Ainsi, l’écriture serait une anamnèse ; c’est-à-dire, si l’on s’en tient au sens utilitaire médical, elle fournirait l’ensemble des renseignements qu’un patient donne au médecin au sujet de son passé, l’histoire de sa maladie. Même phénomène lorsqu’on essaye de se relire après avoir hâtivement griffonné quelques mots sur un morceau de papier. La forme nous parle de nous, alors que l’on ne parvient plus toujours à se relire, c’est-à-dire à comprendre le fond. (Pr. Fostraul du collège de pataphysik dupliquée)